La carcasse de louve.

Le choc

Les mots habituels... 


En juin 2021, je participais à une exposition collective pour y présenter mes polaroids documentaires réalisés au Népal et représentant une communauté de femmes chez qui j'ai vécu plusieurs semaines. 
Voici des écrits reçu juste après, par l'un des participants, un  photographe masculin, et plus agé, m'ayant appelé à poser pour lui torse nu pour débuter sa série des "Mariannes", réalisé à l'aide de polaroids 8x10 à la chambre. 

"Lus' Mila
Quand même, je dois t'avouer que je t'ai longuement attendu dimanche aprem !
Dans mon stratagème, il te fallait être là pour lancer la série des topless.
Nous nous connaissons assez depuis maintenant quelques années pour que je puisse me permettre de te demander une telle faveur, et je savais ta bonne volonté à y répondre favorablement !
Et, conséquemment je pouvais enchainer une jolie série !!!
Alors GRAND MERCI !"
 

(...)   


 "Tes superbes nichons. Et bien oui, Dame Nature mais également tes parents t'ont doté de délicieux attributs que l'homme, faible, se plaît à immortaliser en polaroid à défaut d'y promener une langue humide et gourmande. Tu as créé un personnage exubérant, haut en couleur, souvent plus déshabillé qu'habillé. C'est ton choix, ce choix n'appartient qu'à toi ; personne ne t'y a contraint, tu en joues, tu surjoues, tu as tes adeptes, ta cour, tes followers, et le tout crée une danse festive qui bouscule les empêcheurs de fêtes, les pudibonds et une morale de censure et de contraintes.Comme dit Blanche Gardin (citée déjà 2 fois !) tu ne peux pas t'habiller en sapin de noël qui clignote et fustiger un garçon qui te siffle !! Promouvoir son art est la partie la plus ingrate ; rares sont les artistes ayant la double capacité à créer et à se vendre (à titre personnel, j'émets de sérieux doutes sur les personnages ayant la double casquette...), aussi, si tu veux que le public se concentre sur ta création, est-il nécessaire de le distraire tétons devant ?Dans ta stratégie globale de communication sur les réseaux et en live, comment faire en sorte que le public se souvienne assurément de ton action au Népal auprès de communautés de femmes, immortalisées par des œuvres utilisant le médium polaroid, avant de se souvenir de ta fière poitrine ? La réponse réside principalement dans tes choix, à mon sens."

La digestion

Performance de l'enfant artiste clown, caché par sa carcasse.

Suite à ces mots, le dégout m'a donné envie de me construire une carapace moulée sur ma poitrine. 
L'envie de quitter mon enveloppe humaine perçu comme femme, et de me transformer en animal ou en monstre. 
Qu'on me laisse tranquille. 

Travail cathartique et exutoire, j'ai présenté une performance en la portant, accompagné par mon partenaire son, Fidinina, avec qui nous avons crée l'histoire sonore qui traduirait mes angoisses et accompagnerait mes pas.

Je me suis produit deux fois en guise de thérapie, sous les yeux bienveillant de dessinateur.ices, gràce à l'invitation de Modèle Vivant.e. 


La guérison

Performer pour Modèle Vivant.e. 
Deux fois, dans deux lieux différents. 
Dans deux lieux ou j'exposais un travail photographique.  

Modèle vivant.e est un atelier expérimental et transféministe de dessin et de représentation des corps dissidents. 

Modèle vivant.e est mixte, inclusif et bienveillant.

Modèle vivant.e ouvre un espace pour l’émancipation collective par la pratique de la pose comme performance et du dessin.

Modèle vivant.e recherche le trouble de la relation entre le.a modèle et les dessinateurs.rices et le renversement des normes. 

Modèle vivant.e annule les relations de pouvoir dans l’atelier.

Modèle vivant.e multiplie les possibles des corps vivants et leurs images. 

Modèle vivant.e est utopique et bien réel.


Traces de mes performances à travers les yeux des différents dessinateur.ices présent.es: 

Anaïs SchramHélène Froment. Corrado Parrini. Maria de Gier




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